Construire un pont entre l’approche systématique et l’approche qualitative d’investissement

Construire un pont entre l’approche systématique et l’approche qualitative d’investissement

Une évolution notable dans le paysage de l’investissement est l’adoption croissante d’une approche systématique ou fondée purement sur des règles, comme les stratégies smart beta ou « factor investing ». L’investissement systématique, également connu sous le nom d’investissement quantitatif, tente de trouver des règles ou des algorithmes de trading qui sont rentables s’ils sont appliqués de manière consistante aux marchés financiers. À l’inverse, la gestion discrétionnaire ou une approche qualitative d’investissement repose uniquement sur la capacité des gestionnaires de portefeuille à prendre les bonnes décisions.

Les deux concepts ne doivent pas nécessairement être complètement opposés. Les gestionnaires de portefeuille discrétionnaires peuvent grandement bénéficier de l’intégration d’éléments d’une approche d’investissement systématique dans le processus d’investissement. 

  • Atténuation des biais psychologiques : La peur et l’espoir sont à l’origine des erreurs d’investissement. Le domaine de la finance comportementale est aujourd’hui bien établi et de nombreuses preuves montrent qu’il est difficile pour un gestionnaire de portefeuille discrétionnaire de prendre des décisions d’investissement fiables et consistantes, et que ces biais offrent des opportunités à l’investissement systématique d’avoir un impact positif sur la performance.
  • Modularité : Étant donné qu’un processus systématique peut être automatisé et reproduit, les stratégies d’investissement du même type sont beaucoup mieux adaptées lorsqu’elles sont mises à l’échelle dans le temps et dans l’espace. L’extension d’un portefeuille de 100 à 1000 titres, par exemple, ou la reproduction d’un processus d’un marché à l’autre deviennent des tâches simples.
  • Suivi et contrôle des risques : Une approche systématique présente l’avantage d’utiliser divers outils pour mesurer le risque, telles que la volatilité réalisée, pour évaluer et gérer le risque. L’investissement systématique permet également de fixer des valeurs seuils pour la volatilité cible et de contrôler plus efficacement l’exposition à des risques spécifiques.
  • Objectivité : Un processus d’investissement systématique repose sur une méthodologie scientifique – les performances peuvent être évaluées statistiquement et comparées de manière prévisible, ce qui n’est pas le cas de l’approche ad hoc qu’adopterait un gestionnaire de portefeuille discrétionnaire. 
  • Capacité à évaluer systématiquement les idées de trading : Les simulations historiques, également appelées « backtests », permettent aux gestionnaires de portefeuille discrétionnaires d’évaluer la performance de leurs idées d’investissement. S’il est fait correctement, le « backtest » peut donner un aperçu de la performance des idées d’investissement systématiques que le gestionnaire exécute. En analysant les résultats, il est possible de renforcer les idées fructueuses et d’écarter celles qui sont moins favorables, ce qui permet d’améliorer en permanence les performances globales du gestionnaire de portefeuille.

Dans l’ensemble, l’intégration d’éléments d’un processus d’investissement systématique dans la gestion discrétionnaire de portefeuille peut améliorer la prise de décision, atténuer les biais et améliorer la gestion des risques, ce qui profitera en fin de compte aux gestionnaires de type qualitatif. Ces éléments doivent être considérés comme des outils de soutient pour le gestionnaire discrétionnaire et non comme une forme de remplacement. Ils peuvent être ciblés sur une étape spécifique et ne doivent pas nécessairement couvrir l’ensemble du processus d’investissement ; de petites étapes peuvent déjà avoir un impact significatif. D’après l’expérience de clients, les domaines suivants se sont révélés les plus efficients pour exploiter la valeur de l’analyse quantitative lorsqu’elle est intégrée à une approche qualitative de l’investissement :

  1. Identifier la source d’information pour le processus de prise de décision : C’est ce que nous appelons la « quantification de l’information ». En d’autres termes, il s’agit de traduire un processus qualitatif de traitement de l’information en variables quantifiables. Une fois que l’information est quantifiable, elle ouvre la porte à l’application d’un traitement approprié des données pour extraire différents types d’informations et fournir une visualisation, qui peut ensuite être utilisée par le gestionnaire de portefeuille pour étayer sa décision. L’avantage est que les données sont obtenues et traitées de manière consistante et sans biais, et qu’elles peuvent être utilisées pour analyser le processus de prise de décision.
  • Suivi des décisions d’investissement : Si les décisions d’investissement telles que la sélection des instruments, la répartition des poids ou les déclencheurs de sélection ne sont pas suivis et stockés, il est difficile d’assurer un suivi approprié du portefeuille, mais aussi d’analyser ces décisions rétrospectivement. Une telle analyse est très précieuse car elle peut permettre d’identifier des biais dans la construction du portefeuille ou dans les informations utilisées pour construire le portefeuille. Un cadre approprié de gestion des risques repose également sur un suivi systématique des décisions d’investissement.
  • Analyse des décisions d’investissement : Si les étapes 1 et 2 sont en place, les décisions d’investissement peuvent être analysées et simulées afin d’identifier et de comprendre comment la performance est générée. Cette analyse peut aller d’une simple utilisation du budget de risque à une analyse plus complexe de l’exposition factorielles. Une fois en place, elle permettra au gestionnaire de portefeuille discrétionnaire d’obtenir des informations précieuses, qui pourront être utilisées pour valider ou améliorer son approche d’investissement. La simulation historique ou « backtesting » peut également être effectuée pour vérifier comment les idées ou les stratégies se sont comportées au cours des périodes précédentes ou dans différents univers. La cohérence et la robustesse des performances d’une stratégie dans différents univers et périodes constituent un outil puissant pour évaluer le succès d’une stratégie.

L’analyse quantitative est souvent considérée comme une menace pour les gestionnaires de portefeuilles discrétionnaires. Nous pensons qu’elle devrait être considérée comme un outil de soutien qui peut être utilisé pour améliorer la robustesse, réduire la complexité et limiter les biais dans le processus de prise de décision. La décision reste du ressort du gestionnaire, mais elle est simplifiée et mieux informée, ce qui permet d’obtenir des performances plus régulières à long terme.

Références :

Giamouridis, Daniel. « Systematic investment strategies ». Financial Analysts Journal 73.4 (2017) : 10-14.

Harvey, Campbell R. « Why Is Systematic Investing Important? « Journal of Systematic Investing (2021).

The Hedgefund Journal (2017).  » Avantages de l’investissement systématique « . Consulté le 14 juin 2023 : https://thehedgefundjournal.com/advantages-of-systematic-investing/

BIO

SIM Global Advantage a débuté en tant que cabinet de conseil financier en 2005 et s’est spécialisée depuis lors en tant que fournisseur de produits et de services pour des gestionnaires d’actifs. Aujourd’hui, elle aide ses clients à intégrer des méthodes de finance quantitative de pointe et à concevoir des logiciels uniques à tout niveau du processus d’investissement. La société bénéficie d’une connaissance approfondie des données de marché traditionnelles et alternatives et en tire parti grâce à des méthodologies de pointe telles que l’IA, le machine learning et des modèles statistiques avancés. Les compétences uniques de SIM Global Advantage ont permis à sa clientèle diversifiée d’exploiter de multiples sources d’alpha et d’atteindre des profils de rendement-risque supérieurs à la normale.